Prologue to a Myth doit être vu comme un récit, composé de plusieurs stations. Cette nouvelle série porte sur le langage visuel du récit, et nous emmène vers le rôle de la narration dans la photographie et la possibilité qui nous est offerte de lire les images. Chacune des photographies peut être vues comme la représentation d’un symbole (imaginaire ou réel) qui évoque pour nous spectateurs, comme un sentiment de commencement, un début de narration. Louis Heilbronn prépare le terreau de l’histoire mais ne l’écrit pas encore. Il nous laisse chercher dans notre mémoire quelques détails quelques souvenirs qui nous permettront de la continuer.

La matière première de Louis Heilbronn a été, et reste celle de l’intime. Il agit en révélateur de la vie, avec une vibration qu’il accentue dans cette nouvelle série en introduisant un ensemble de dessins photographiés à la croisée des corps et des objets.

Cette ambiguïté entre le dessin et le dessin photographié, entre la réalité imaginée et la réalité photographiée se construit autour d’une série qui semble née d’un monde onirique.

L’artiste agit comme un metteur en scène, nous sommes bien sur une scène de théâtre, celle de la vie, mais vue comme dans un rêve. En faisant abstraction de l’espace, du temps et de l’action, il apporte à cet ensemble une observation magique de l’invisible.

Et c’est toujours avec une même pudeur, et avec toute la réserve qui marquent ses trois précédentes séries : Meet me on the Surface (2013) From Flowers and More (2014) Orchard Continued (2019) que Louis Heilbronn continue de construire une œuvre juste et intelligente dans une atmosphère aussi belle qu’étrange.