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Préparatifs de noce à la campagne – Etienne Armandon

Préparatifs de noce à la campagne - Etienne Armandon

Exposition personnelle du 15 janvier au 25 février 2023

 

Le titre réunissant le nouvel ensemble de tableaux Etienne Armandon provient de la première nouvelle écrite par Franz Kafka *, auteur déjà source d’inspiration dans plusieurs œuvres de l’artiste «Gregor« (2021) «la métamorphose» (2020).

vue d'exposition de Préparatifs de noce à la campagne - Etienne Armandon​ - ©Fabrice Robin
vue d'exposition de Préparatifs de noce à la campagne - Etienne Armandon​ - ©Fabrice Robin

Ces préparatifs à la campagne, revendiqués par l’artiste sont à prendre au sens strict du terme, car il s’agit bien du lieu réel où la majorité des tableaux ont été peints, dans une ferme isolée, du Morvan où Etienne Armandon a séjourné plusieurs mois en 2021 et 2022, pour peindre en extérieur, pendant les quatre saison cette nouvelle série.

 

Comment déterminer ce besoin d’extérieur ? Simplement en découvrant cette série qui reflète parfaitement le combat qu’a mené l’artiste pour saisir au mieux ces paysages qui s’offrent à son regard.  On distingue dans certains tableaux, la silhouette d’une grange, un animal, un chemin, des poteaux électriques, une végétation luxuriante lorsque le tableau a été réalisé au printemps, ou à l’inverse, une nature brûlée par le soleil quand le tableau a été réalisé durant l’été 2022.

 

Etienne Armandon a affronté ses propres démons, “la rencontre du drame extérieur et du drame intérieur” dit-il, en voulant se confronter non plus au mur de l’atelier, mais au paysage réel, ainsi qu’à la violence de la nature, celle qui ne fait aucune concession quand on veut s’en inspirer.
En peignant en extérieur, l’artiste s’approprie un nouveau territoire, rarement usité de nos jours par les artistes. Un territoire difficile car changeant constamment. Il ne s’agit pas «d’imaginer» mais de maîtriser au plus vite ce que la nature lui offre, avant qu’elle ne change au fil des minutes. Essayer de la rejeter hors de son temps. C’est cette nouvelle situation qui lui permet de saisir l’essence même des couleurs présentes dans les paysages. Ici aucune atmosphère paisible de jardins «à la Monet«. Au contraire la nature est violemment éclairée par le soleil, la végétation recouvre la toile, déborde sur les arêtes, en certaines parties si épaisse qu’elle parait vouloir recouvrir la toile, comme si le paysage l’avait lui-même traversée. Striée à coup de pinceaux, la matière de la peinture alors modelée par la main de l’artiste, devient celle qui reçoit en réverbération la violence des teintes crues des paysages environnants.

Etienne Armandon nous parle dans ses œuvres de la dramaturgie d’une couleur, voire de la dramaturgie de la peinture elle-même.

Aimant à citer Edmund Burke ** Etienne Armandon s’est fait sienne cette phrase « l’attention se porte moins sur la composante paysagère (…) que sur la totalité du paysage ».
Car l’artiste ne cherche pas la couleur pour reproduire ce qu’il a devant ses yeux, ni à réussir un quelconque équilibre chromatique, il projette la couleur pour répondre au paysage, comme dans un dialogue, entre ce qui existe et ce qui est fantasmé ,mais aussi ce qui est analysé, interprété, dompté, digéré.

À l’opposé, un petit nombre de toiles ont été réalisées en intérieur, comme cette étonnant et drolatique tableau « lampe et œil » qui semble nous faire un clin  d’œil à la paisibilité de l’atelier, où l’artiste peut alors, maître de ses visions, et de son environnement, laisser libre court à une peinture rythmée par ces formes géométriques .

De profonds changements sont survenus dans l’œuvre de l’artiste. Les premiers aplats réalisés il y a plus de dix ans ont donné naissance ensuite à une peinture plus matiérée, striée au pinceau, puis enfin la matière de la peinture elle-même devient sujet de l’œuvre.

 
 
 

* Extrait :  “Il n’est pas nécessaire que tu sortes de ta maison. Reste à table et écoute. N’écoute même pas, attends seulement. N’attends même pas, sois absolument silencieux et seul. Le monde viendra s’offrir à toi pour que tu le démasques, il ne peut faire autrement, extasié, il se tordra devant toi.”

** Philosophe irlandais du XVIII eme siecle