Ou encore pour les deux œuvres en céramiques Partition 5 et Partition 6 sur lesquelles Sara Ouhaddou a retranscrit cette fois-ci les sons des percussions jouées par ses oncles sur les chants de Mririda N’Ait Attik.
Pour le bas relief en bois les mains fertiles, Sara Ouhaddou a créé un décor inspiré par les mots de Mririda N’Ait Attik. Les sculptures, qui représentent des animaux indigènes de Val Gardena, (Italie où a été montrée la pièce à l’été 2024) tels que des ours, des serpents, des loups, des renards et des aigles, s’inspirent de l’art de la poterie zoomorphe, pratiqué dans les montagnes de l’Atlas au Maroc depuis l’époque néolithique. Traditionnellement modelées en argile (ou en bois, à Val Gardena) par les femmes devant les fours à pain ou les feux où l’on cuit les aliments, ces figures simples et intemporelles peuvent servir de jouets, d’amulettes et de protecteurs pour les petits enfants.
Pour les deux diptyques en vitrail : Fantasia, l’art de la cavalerie et Tbourida, l’art de la cavalerie, Sara Ouhadou souligne que les verres venus au départ d’Andalousie et ensuite remplacés par le verre colonial français, nous racontent l’histoire politique et commerciale du Maroc, mais aussi l’évolution de la vie des médinas. C’est l’histoire du monde, la géopolitique de l’artisanat qui fait la matière de son travail. Chaque atelier est un espace de déconstruction, l’artiste y superpose : histoire, archéologie, anthropologie, économie, comme un espace de rencontre et de réflexion.
Ces espaces sont alors des lieux d’expérimentation où les œuvres que crée l’artiste en collaboration avec ces communautés, peuvent être considérés comme des outils d’émancipation.
Les deux tapisseries Aïn Karma, l’Hiver et Aïn Jamâa, l’Été représentent l’une l’hiver avec ses champs de figuier dans le village de son père , l’autre la récolte en été du village de sa mère . Les petites céramiques cousues qui représentent les habitants des villages, symbolisés par la forme des fleurs de la broderie de Tétouan, ne sont pas sans nous rappeler la représentation des paysans dans les estampes de Katsushika Hokusai.