Les artistes explorent, chacun à sa manière, le pouvoir de la trace tantôt située entre la simple marque et le trait construit, tantôt entre l’empreinte vide et la forme pleine, entre l’immatérialité d’une impression et la matérialité d’un vestige. Certains témoignent d’une mémoire collective. Tout comme, Brognon Rollin et Sophie Ristelhueber interrogent le public sur des problématiques politique et sociétale, en déplaçant une pierre de frontière en frontière ou en immortalisant les terrains défigurés par les conflits armés. Quant à Thu-Van Tran, elle matérialise l’indicible par une larme de latex qui évoque la surexploitation de l’arbre à caoutchouc en Amazonie. Enfin, la réunion de tissus et broderies par Gözde Ilkin génère une œuvre conçue autour de l’échange et du partage entre différentes populations.
D’autres font appel au corps, tantôt présent, tantôt souvenir. Ainsi, Étienne Armandon fait apparaitre la figure mythologique d’Ulysse, parti loin de son foyer où l’attend son épouse Pénélope. Le vêtement, et plus largement le tissu, sont également les métaphores d’un corps inaccessible : Loup Sarion crée une œuvre entre image et ronde-bosse pour inscrire dans l’éternité une idylle partagée entre les deux prisonniers du court-métrage de Jean Genet Un chant d’amour (1950). Catherine Viollet, elle, fait appel à la sensation en peignant Les Météores, soit les phénomènes comme la pluie, le vent ou la neige, étudiés par le philosophe René Descartes en 1637 dans sa publication du même nom.
Enfin, Juliette Minchin et Mathilde Denize jouent sur les apparences trompeuses : l’une associe la cire à l’apparence d’un voile ou d’une peau, tandis que l’autre entretient l’ambiguïté entre une armure et un autel sacré.