Exposition personnelle / Solo show 21/12/19 – 09/01/20
Harald Fernagu (né en 1970 à Cherbourg) ne s’intéresse pas directement à l’art africain. En partant du constat que les conséquences de la période coloniale sur notre quotidien étaient trop souvent ignorées, l’artiste s’interroge depuis plusieurs années sur notre identité troublée par une filiation imposée.
C’est à partir de ces objets de rituel ou de culte qu’il définit comme « issus du commerce touristique Afri- cain contemporain », que l’artiste refaçonne leurs formes en les couplant, les superposant et en rajoutant d’autres objets issus de cet « art touristique », qu’il habille ensuite de coquillages ou de clous de semence. Avec ces sculptures, Harald Fernagu propose de décoloniser les stéréotypes. Ici, pas de belles statues, mais des ossatures se pliant à la réinterpretation de l’artiste. La forme laisse place aux lignes, et la narration per- met de combler les manques de l’histoire, ou d’en proposer une autre lecture.
Un dialogue se crée alors entre une esthétique formelle appartenant aux codes de l’art contemporain glo- balisé, et une autre provenant des arts tribaux conçus pour une certaine proximité.
Plus encore, un échange naît entre les oeuvres et le spectateur. A travers la réactualisation de la question del’appropriation et sa légitimité, l’oeuvre se conjugue au présent. Le spectateur donne vie à l’objet et le sort de sa représentation muséale passée. Le public peut alors voir sous l’humour ouvert de Harald Fernagu, une sculpture touristique faussement authentique, ou réellement fausse.
Plutôt que d’inventer un Dieu, l’artiste de ses propres mots « suggère le rituel qui le sert, invite le corps des spectateurs à le ressentir en construisant, des objets tactiles dans leur plasticité et le regard ». C’est avec bienveillance que ces objets se voient réincarnés d’une force encore nouvelle.
Ainsi, avec l’exposition L’hypothèse Dogon, Harald Fernagu ne propose pas uniquement un changement de point de vue, mais aussi un changement de regard.